- ATHARVA-VEDA
- ATHARVA-VEDAATHARVA-VEDALa dernière des quatre grandes divisions du Veda. Elle occupe une place à part: alors que les trois autres ne sont désignées que par référence à leur contenu (le S ma-Veda, par exemple, est «cette partie du Veda qui concerne le chant liturgique — saman »), l’Atharva-Veda (Atharvaveda ) doit son nom à une famille (d’ailleurs mythique) de prêtres spécialisés dans le culte du feu, les descendants du rishi («prophète») Atharvan Angirasa. On a donc l’impression qu’à l’origine l’Atharva-Veda constituait un Veda particulier, qui prétendait à l’universalité au même titre que «l’autre Veda» divisé en trois collections autonomes mais solidaires (Rig-Veda, S ma-Veda, Yajur-Veda). Les textes les plus archaïques parlent d’ailleurs de «triple science» à propos du Veda; et ce n’est qu’à une date relativement récente (fin du \ATHARVA-VEDA IIe millénaire?) que le «quatrième Veda» se trouve pleinement intégré au canon des Écritures brahmaniques. On rencontre, en effet, dans l’Atharva-Veda toutes les catégories propres à ce type de littérature: hymnes de louange (comme dans le Rig-Veda), formules liturgiques (yaju), prescriptions rituelles (s tra), commentaires exégétiques en prose (brahmanas et aranyakas), textes spéculatifs (upanishads). À diverses occasions, on a, d’ailleurs, l’impression que les tenants de l’Atharva-Veda ont imité leurs confrères (ainsi l’un des brâhmanas de l’école s’appelle Gopatha , Le Chemin des vaches , à l’imitation du Satapatha , Les Cent Chemins , du Yajur-Veda blanc).Cependant, l’originalité principale de l’Atharva-Veda réside dans son contenu: alors que les trois autres collections védiques évitent, autant que faire se peut, de traiter de magie, l’Atharva-Veda en fait sa spécialité. On y trouve en abondance: des charmes de toute sorte (comment gagner l’amour d’une femme; comment écarter une rivale; comment se protéger d’un envoûtement; comment éviter la foudre, la grêle, les météores; comment arrêter une hémorragie, etc.), des formules d’envoûtement, des incantations diverses, des bénédictions de talismans, etc. Le Kalpa-S tra (traité rituel) de l’école donne également les recettes qui assurent l’efficacité de ces pratiques. Il ne faut cependant pas exagérer l’importance de cette section magique par rapport à l’ensemble de l’Atharva-Veda: il est indéniable que la magie est présente dans ce Veda, mais elle est loin de le constituer tout entier.Souvent, d’ailleurs, le contenu de ces textes touche à d’autres disciplines: telle recette trouverait aisément sa place dans un traité de médecine; telle autre concerne la préparation au combat militaire et rejoint telle prescription yajur-védique. Il est significatif que plusieurs hymnes de l’Atharva-Veda soient passés dans le Rig-Veda (ou inversement). De plus, l’idéologie même de la magie se retrouve dans les brâhmanas de toutes les écoles: existence de forces cosmiques, possibilité de les capter par le rite et de les utiliser à des fins humaines, efficacité du sacrifice (les dieux eux-mêmes sont contraints d’en observer les prescriptions); on se trouve là au cœur de la théologie brahmanique la plus orthodoxe, telle qu’elle s’exprimera dans la m 稜m ms .Par voie de conséquence, les parties spéculatives sont très développées dans l’Atharva-Veda. Les upanishads qui s’y rattachent sont nombreuses (près de la moitié de l’ensemble) et la collection (samhita) d’hymnes qui, comme il est de règle, ouvre le recueil contient toute une série de poèmes philosophiques. C’est là que l’on trouve les premiers textes concernant le brahman (d’où vient le nom de Brahma-Veda parfois donné à l’Atharva-Veda) et l’âtman, ainsi qu’une louange du Temps (kala) comme origine et fin de toutes choses — louange qui fait penser à certaines conceptions iraniennes (Zurvan) et grecques (Chronos tenu pour un dieu). On y rencontre aussi un hymne à la Terre, où se trouve, en quelque sorte, annoncé le futur culte de la déesse Prospérité (face="EU Acute" えr 稜 ou Lak ごm 稜).
Encyclopédie Universelle. 2012.